Racisme à Buckingham : une nouvelle polémique au pire moment pour la famille royale

Les propos jugés racistes d’une proche d’Elizabeth II envers une militante antiraciste noire ont plongé la royauté britannique dans une nouvelle polémique au pire moment pour une famille royale, qui tente de moderniser son image depuis le départ d’Harry et Meghan.

« D’où venez-vous en Afrique ? », « D’où venez-vous vraiment ? D’où est-ce que les gens comme vous viennent ? » : Ces questions ont été posées mardi soir à Ngozi Fulani, à la tête d’une association de soutien aux victimes noires de violences domestiques, par Susan Hussey, 83 ans, amie proche de la défunte reine Elizabeth II.

Le tweet dans lequel Mme Fulani raconte la conversation, qui a eu lieu à Buckingham lors d’une réception organisée par la reine consort Camilla, avait été « liké » jeudi par près de 64.000 internautes.

Quelques heures plus tard, le palais dénonçait des « commentaires inacceptables » et annonçait la démission de Mme Hussey, dame de compagnie de la reine pendant plus de 60 ans et marraine du prince William. Lors des funérailles du prince Philip en 2021, c’est elle qui a accompagné la monarque dans la voiture qui la ramenait, veuve, au château de Windsor.

« Elle essayait de me faire vraiment remettre en question ma citoyenneté britannique », a déclaré jeudi sur la BBC Mme Fulani. L’incident « dépasse une seule personne. Il s’agit de racisme institutionnel », a-t-elle aussi estimé dans le journal The Independent.

L’affaire a fait la Une de tous les journaux britanniques qui soulignent que ce nouvel incident raciste à Buckingham arrive au pire moment pour une famille royale qui tente d’afficher une image plus jeune, moderne et inclusive.

Refusant de commenter directement l’incident, le Premier ministre Rishi Sunak, premier chef du gouvernement britannique d’origine indienne, a appelé à « affronter » le racisme « chaque fois qu’on le voit ».

Le palais attend avec appréhension la sortie le 8 décembre d’une série documentaire de Netflix sur Harry et Meghan, et la sortie mondiale en janvier des mémoires de Harry, fils cadet de Charles III, qui devrait comporter son lot de révélations embarrassantes.

Harry et son épouse Meghan, une Américaine métisse, qui vivent désormais en Californie, avaient révélé l’année dernière qu’un membre de la famille royale s’était interrogé avant sa naissance sur la couleur de peau qu’aurait leur fils Archie.

La famille royale n’est « certainement pas raciste », avait alors affirmé le prince William, héritier de la couronne en froid avec son frère.

« Le rire étouffé que l’on peut entendre venant de Californie est le bruit d’une duchesse (Meghan) qui essaie de ne pas s’esclaffer en disant +je vous l’avais dit+ », a ironisé un éditorialiste du Times jeudi.

Cette polémique intervient pendant la première visite aux Etats-Unis depuis huit ans du prince William et son épouse Kate, qui culminera vendredi avec la remise des prix Earthshot pour la défense de l’environnement à Boston (nord-est). Le porte-parole du prince, qui n’a pas prévu de rencontrer son frère aux Etats-Unis, s’est fendu d’une réaction catégorique : « Le racisme n’a pas sa place dans notre société ».

Avant le voyage, une source royale avait souligné que « l’inclusivité » serait une part importante de ce déplacement et que le couple princier rencontrerait « des leaders indigènes basés à Boston ».

Mme Fulani a appelé Buckingham à mettre en place des formations antiracistes, affirmant que son association qui en dispense notamment auprès de la police londonienne serait disposée à le faire pour la monarchie.

« C’est précisément ces formations qui ont fait qu’on a été invités » à Buckingham en premier lieu, a-t-elle dit, soulignant « l’ironie » de la situation.

Dans son tweet, elle raconte que « Lady SH » lui a d’abord « déplacé les cheveux pour voir le nom sur (son) badge » avant de lui demander d’où elle venait « vraiment ».

Qualifiant l’échange de « vraiment choquant », la député travailliste Diane Abbott – première femme noire à siéger à la chambre des Communes – a tout de même noté les « progrès » de la monarchie en matière de racisme.

Il y a dix ans, « ils auraient dit qu’elle était trop sensible et auraient juste balayé » les accusations, selon elle.

Le palais a également publié pour la première fois l’année dernière des données sur la représentation ethnique de son personnel, reconnaissant avoir des progrès à faire.

A F P

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