Le recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz « la charte des principes est un texte historique »
- Nawel THABET
- 24 janvier 2021
- Interviews
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Avocat franco-algérien, Chems-Eddine Mohamed Hafiz est le recteur de la Grande Mosquée de Paris, depuis le 11 janvier 2020 et membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH).
Il s’est félicité lundi 18 janvier 2021 de la présentation du texte de »la charte des principes » au président de la République, Emmanuel Macron, après de longues semaines de négociations et de débat très houleux.
Dans un entretien accordé a Medianawplus, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Edinne Hafiz, qualifie le texte d’historique, jamais une organisation musulmane n’a pu en rédiger, selon ses propos.
Il a précisé que le président de la République a été extrêmement satisfait de ce projet de charte qui marque une étape importante. En ajoutant, que le chef de l’État a confirmé que, »tous ceux qui ne signeront pas cette charte, ne pourrons plus être dans le sens représentatif de l’islam ». Entretien.
Propos recueillis par Nawel Thabet / Medianawplus
Medianawplus : » La charte des principes », c’est au sujet de cette charte des principes de l’islam que le président de la République Emmanuel Macron vous a reçu lundi 18 janvier, quels étaient les différents points que vous avez évoqués ensemble ?
Chems-Eddine Hafiz: le projet de charte, contient trois points importants : le premier concerne la définition de l’islam politique, parce que nous voulons qu’à travers cette charte, on puisse dire : C’est quoi l’islam politique ?
Jusqu’à présent, c’est un concept qui est extrêmement vague. On sait que ce sont des islamistes. Mais là, on a tenu à préciser, de qui s’agit-il exactement ? Et, c’est toutes les formes d’instrumentalisation de la religion à des fins politiques qui ont été dénoncées
Le deuxième point, c’est la non-ingérence de l’étranger sur l’organisation du culte musulman.
Il y a de nombreux pays : le réseau du wahabisme, le Qatar… Qui veulent absolument s’imposer en France en donnant par exemple de l’argent pour la construction des mosquées. Et ça nous devons absolument le rejeter. Il faut un contrôle strict de l’argent qui vient de l’étranger.
Le troisième point, ce sont tous les concepts islamistes tels que »l’alliance et le désaveu », « al -wala wa -l bara », » takfir wa-l hijra », » al rida » l’Apostasie, qui doit être pris en compte dans le texte, afin que nous puissions mettre au point le contexte dans lequel doit s’inscrire l’islam que nous voulons ici en France et, quelle est la marche de la pratique de la religion de l’islam ici en France.
Et enfin, le dernier point, c’est la sanction. C’est-à-dire que toutes les fédérations signataires de cette charte se verront exclues de toutes les institutions représentatives de l’islam en France si elles venaient à ne pas respecter les principes de cette charte.
À ce titre-là le président de la République, a été extrêmement satisfait de ce projet de charte qui marque une étape importante, . Surtout que nous sommes à la veille de la présentation du projet de loi de renforcement des principes Républicains à l’Assemblée nationale. Donc là au moins les choses sont claires
Le président de la République a dit que tous ceux qui ne signeront pas cette charte, ne pourrons plus être dans le sens représentatif de l’islam.
Voilà les grands points que nous avons abordés avec le président de la République.
Medianawplus : Vous avez claqué la porte des discussions sur la charte et le futur du conseil national des imams CNI, en pointant le doigt sur l’influence d’une « composante islamiste » au sein du conseil français du culte musulman CFCM, qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis puisque vous avez de nouveau participé aux négociations ?
Chems-Eddine Hafiz: Je suis sorti, parce que des méthodes indignes ont été utilisées pour faire capoter ce projet. Bien évidemment, la Grande Mosquée de Paris est une instance incontournable de l’islam ici en France et je ne pouvais pas me retirer simplement.
J’ai donc œuvré pour que ce projet de charte soit corrigé, en incluant les éléments que j’ai évoqués plus haut et, qui ont été proposés par la Grande Mosquée de Paris.
Et lors de notre rencontre avec le ministre de l’Intérieur samedi 16 janvier, avec le président du CFCM Moussaoui et Ibrahim Alci qui représente la partie turque, on a validé ensemble ce texte.
C’est à ce titre-là que j’ai revu ma position, parce qu’il ne s’agit pas à me retirer à titre personnel, mais l’enjeu était l’intérêt de l’islam et de la Grande Mosquée de Paris.
Medianawplus : Est-ce que vous avez un réel espoir que ce projet aboutisse ?
Chems-Eddine Hafiz : Écoutez, il faut dire que la charte que nous avons signée lundi 18 janvier est un texte historique. Jamais une organisation musulmane n’a pu en rédiger, et n’a pu aller aussi loin dans la description de ce qui est la pratique religieuse.
Et à ce titre-là, aujourd’hui en France, dans ce pays laïque, les pouvoirs publics vont enfin savoir quels sont la bonne et la mauvaise pratique de l’islam. Parce qu’il y a la mauvaise pratique qu’on appelle islamiste.
Il y a aujourd’hui des musulmans qui veulent vivre paisiblement en France et, qui ne doivent pas être les otages d’organisations islamistes, qui sont là simplement pour faire en sorte, d’éloigner la communauté musulmane de la communauté nationale. Et ça, c’est insupportable.
Actuellement, je pense qu’on a vraiment fait œuvre utile parce qu’il y a de la pédagogie.
Maintenant, les gens vont lire le texte, qui va prendre de l’ampleur, l’étudier et j’espère l’adopter et je viellerai à ce qu’il soit exécuté de manière normale et que les choses s’établissent.
Nous avons un Conseil national des imams qui va être mise en place. Il faudra que les principes énoncés dans cette charte soient respectés et, que le conseil national des imams fasse son travail afin d’intégrer les nouveaux imams.
Medianawplus : Selon vous, quels sont les éléments qui ralentissent ou qui bloquent l’avancée de ce projet et que réclament certains imams ou que contestent-t-ils?
Chems-Eddine Hafiz : Le statut du conseil national des imams est prêt : le règlement intérieur, la qualification des imams. Avec la création de trois chefs d’appellations : Imam débutant, prédicateur et conférencier. Tous les documents sont prêts. Mais, il fallait absolument abord signer cette charte.
Nous n’allions pas agréer des imams, pour officier ici en France, alors que nous ne savions pas à quelle fédération ils allaient être affiliés ? Donc, nous avons tenu à ce qu’il y soit ce filtre de la charte des imams, qui permettra aussi, aux associations qui ont signé cette charte, de participer au conseil national des imams. Et là aussi ça va aller vite.
Je pense que le conseil national des imams est une nécessité parce qu’il est important d’avoir aujourd’hui un organe qui va agréer les imams. Il va s’assurer de leurs formations, de leurs statuts, pour qu’ils puissent avoir une vraie carrière.
Il va falloir rassurer toutes les personnes qui se destinent à la carrière d’imam, sur leurs status, leurs rémunérations et le déroulement de leurs carrières.
Ce seront des professionnels, des ministres du culte, et, non, pas des imams accessoires, comme c’est parfois le cas aujourd’hui.
Medianawplus : Que faut-il faire avec les imams qui sont contre ?
Chems-Eddine Hafiz : l’imam doit également voir, où sont ses intérêts. Le fait qu’il soit agrée par le Conseil national des imams (CNI), va lui donner un certain nombre d’avantages. Il va bénéficier d’une formation gratuite, d’un certain nombre de dispositions, parmi lesquelles, sa relation avec les pouvoirs publics. C’est à nous de le convaincre, de le persuader, du bien fondé de notre action.