70 ans après : la France reconnaît l’assassinat de Larbi Ben M’hidi, héros de la lutte pour l’indépendance algérienne

Le 1er novembre 2024 acte le 70e anniversaire du début de la guerre d’Algérie, un conflit qui a profondément marqué l’histoire des deux pays. À cette occasion, le président de la République Emmanuel Macron franchit une nouvelle étape dans le processus de réconciliation mémorielle en reconnaissant officiellement l’assassinat de Larbi Ben M’hidi, résistant algérien par l’armée française.

Par Nawel Thabet / Medianawplus

La vérité sur sa mort enfin révélée.Officiellement décédé par suicide lors de sa détention en mars 1957, la version des autorités françaises de l’époque a toujours été contestée. Le président de la République Emmanuel Macron reconnaît ce vendredi 1 novembre 2024, que Ben M’hidi a été assassiné par des militaires français sous le commandement du général Aussaresses, confirmant ainsi les aveux tardifs de ce dernier en 2001. Cette reconnaissance intervient dans le cadre du 70e anniversaire de la révolution algérienne. Un nouveau pas vers le réchauffement des relations et l’apaisement des tensions vives entre la France et l’Algérie. La dernière visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc qui a acté la position officielle de Paris dans le dossier du Sahara Occidentale a ravivé une nouvelle fois ces tensions.
« La reconnaissance de cet assassinat atteste que le travail de vérité historique, que le Président de la République a initié avec le Président Abdelmadjid TEBBOUNE, se poursuivra », précise l’Élysée dans un communiqué.
Un héros algérien enfin reconnu
Désigné responsable de la Zone autonome d’Alger en 1956, il fut ainsi l’un des principaux acteurs de « la bataille d’Alger » lancée en janvier 1957, où se conjuguèrent, selon la phrase d’Albert CAMUS, « les noces sanglantes du terrorisme urbain contre les civils et de la répression de l’armée », rappelle le communiqué.
Larbi Ben M’hidi, né en 1923 dans le Constantinois, était l’un des six dirigeants du Front de Libération Nationale (FLN) qui lancèrent l’insurrection du 1er novembre 1954.Figure emblématique de la lutte pour l’indépendance, il a joué un rôle crucial dans l’organisation de la résistance algérienne, notamment lors de la bataille d’Alger en 1957
Un geste fort pour la réconciliation
Cette reconnaissance s’inscrit dans la continuité des efforts entrepris depuis 2017 pour établir une « mémoire apaisée et partagée » entre la France et l’Algérie. Elle fait suite à d’autres reconnaissances similaires, notamment concernant Maurice Audin et Ali Boumendjel, également victimes d’exécutions extrajudiciaires pendant la guerre.

« Comme le Président de la République l’a déjà reconnu pour Maurice AUDIN et Ali BOUMENDJEL, cette répression s’accompagna de la mise en place d’un système hors la société des Droits de l’Homme et du Citoyen, rendu possible par le vote des « pouvoirs spéciaux » au Parlement, donnant carte blanche au Gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie et permettant l’adoption d’un décret autorisant la délégation des pouvoirs de police à l’armée, décliné par arrêté préfectoral, d’abord à Alger, puis dans toute l’Algérie, en 1957 », souligne l’Élysée.
Un travail de mémoire qui se poursuit
Emmanuel Macron souligne l’importance de poursuivre ce travail de vérité et de reconnaissance. Une commission mixte d’historiens, mise en place par les deux pays, continue d’explorer les zones d’ombre de cette période douloureuse de l’histoire franco-algérienne.
L’hommage d’anciens adversaires
L’histoire de Ben M’hidi illustre la complexité des relations entre adversaires durant cette guerre. Le général Bigeard, qui l’avait capturé, avait reconnu sa valeur en lui faisant présenter les armes lors de son arrestation. Il avait même envisagé en 2002 de se rendre à Alger pour lui rendre hommage, déclarant : « Quand on se bat contre un ennemi de valeur, il naît souvent une camaraderie », selon l’Élysée.
Cette reconnaissance officielle de l’assassinat de Larbi Ben M’hidi marque une étape importante dans le processus de réconciliation mémorielle entre la France et l’Algérie. Elle témoigne de la volonté des deux pays de construire un avenir commun basé sur la vérité historique et le respect mutuel, 70 ans après le début d’une guerre qui a profondément marqué leurs histoires respectives.

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